Rapport annuel d’évaluation 2024
Travail du sexe latino-américain : un carrousel à risques
AVANT PROPOS
«Un carrousel à risques», tel est le titre choisi par Myria, rapporteur indépendant sur la traite des êtres humains, pour son rapport annuel 2024, qui se concentre sur l’exploitation des travailleurs et travailleuses du sexe originaires d’Amérique latine.
Le phénomène de la traite des travailleurs et travailleuses du sexe latino-américains n’est pas nouveau. D’après les chiffres relatifs aux victimes, la jurisprudence et les entretiens, il semble s’amplifier et devenir de plus en plus problématique. Des modèles et des tendances se précisent, et ceux-ci méritent d’être étudiés et approfondis. Ainsi, on reconnaît plus souvent l’empreinte de réseaux criminels transnationaux organisés. Les victimes proviennent souvent du Brésil, de la Colombie et du Venezuela. Elles sont exploitées dans des lieux privés et déplacées au gré des risques de détection et des nouvelles opportunités qui se présentent.
Ces carrousels mobiles proposent des services de voyage, d’hébergement, de publicité, d’organisation de rendez-vous et de transport. Les mouvements irréguliers rendent les travailleurs et travailleuses du sexe moins visibles et encore plus dépendants de réseaux qui prennent le contrôle de leurs moindres faits et gestes. Cela va parfois très loin : recettes largement écrémées, revenus saisis, documents de voyage confisqués, situations de servitude pour dettes pour rembourser les frais de voyage…
Mais tout n’est pas noir ou blanc dans cette réalité. Le travail du sexe effectué volontairement est parfois difficile à distinguer du travail du sexe effectué sous une forme légère de contrainte ou carrément forcé. Dans de nombreuses circonstances, on assiste également à des glissements, ou à des situations gagnant-gagnant qui deviennent des situations d’exploitation de personnes sous contrôle permanent et pouvant, en l’espace de quelques jours, être déplacées et proposées à des clients dans d’autres villes d’Europe.
Détecter ces carrousels peut s’avérer particulièrement difficile. En mettant l’accent sur cette thématique, Myria souhaite encourager, entre autres, les services de première ligne — et la police en particulier —, à y prêter attention, à détecter et à identifier les victimes. La sensibilité culturelle et linguistique doit être prise en compte et affinée. Il est également important de faire preuve du même degré d’attention et de sensibilité pour surveiller les plateformes Internet et les réseaux sociaux. Les centres spécialisés pour les victimes et les associations sur le terrain jouent un rôle important. À la fin de cet avant-propos, je soulignerai le rôle de la Justice.
Koen Dewulf, Directeur de Myria
Source : Myria – Centre Fédéral Migration
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