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Le nouvel Eden

Avec votre récente prise de fonction, quelles sont les nouvelles orientations de l’Eden ?

Nous voulons faire de la brasserie un vrai lieu de vie. Un espace de rencontre pour les forces associatives de Charleroi. Ce sera à la fois un restaurant le midi, un café, un lieu d’accueil pour les associations. Jusqu’ici, la brasserie servait surtout les spectateurs. Aujourd’hui, on souhaite en faire un lieu vivant, ouvert à tous.

Nous avons lancé de nouvelles activités : cafés numériques, vide-dressings, veillées contées, etc. Tout cela s’inscrit dans une volonté d’ouverture vers le quartier, le centre-ville et l’ensemble de Charleroi. C’est pour cela qu’on parle maintenant d’ »accueil des publics » plutôt que de « billetterie ». Le point d’accueil devient aussi un espace d’information, pas seulement un endroit où acheter des tickets.

La structure PBA-Eden est souvent vue comme une grande scène de diffusion. Pourtant, l’Eden n’est pas qu’une salle de spectacle. C’est aussi un centre culturel à part entière. Dans notre partage des rôles avec le PBA, nous allons nous recentrer sur les musiques actuelles, le jeune public, la créativité et les pratiques artistiques.

L’Eden est une salle de concert historique. Cela nous permet de collaborer avec des collectifs et groupes carolos. Nous voulons aussi renforcer les liens avec les écoles primaires, les écoles de devoirs, les plaines de jeux. Un de nos objectifs est que chaque enfant de Charleroi puisse aller au théâtre au moins une fois durant sa scolarité. Ce n’est pas un rêve inaccessible. Dès la prochaine saison, on prolongera certaines séries de représentations pour accueillir un public plus large.

Nous voulons aussi encourager la pratique artistique. Il ne s’agit pas seulement de « consommer » de la culture, mais aussi de la vivre. Nous allons mieux équilibrer les activités autour de l’expression, de la créativité, et des pratiques amateurs. L’Eden est encore limité par sa structure : c’est avant tout une salle et des bureaux. Mais juste à côté, il y a un bâtiment inoccupé, l’ancienne école du boulevard Bertrand. Avec la province, nous aimerions y développer un lieu de pratiques, d’ateliers, de stages. Un des axes serait la relation entre art et handicap. C’est un vrai défi pour les années à venir.

Un autre axe important concerne l’accompagnement de projets. Il faut régénérer la vie culturelle locale. Par exemple, cette saison, nous avons lancé une programmation Hip-Hop avec l’asbl « Back in the Days », un jeune collectif carolo. Nous avons aussi accueilli « la Maison du Conte », une jeune asbl sans lieu fixe. En 2013, nous organiserons plusieurs soirées avec elle : veillées contées, balades dans les coulisses de l’Eden. Ce lieu est aussi un patrimoine. Travailler avec ce type d’asbl, c’est soutenir des porteurs de projet et les accompagner vers une forme de professionnalisation.

Nous voulons également dépasser les murs de l’Eden. C’est notre nom, notre image, mais ce n’est pas qu’un bâtiment. Nous irons aussi dans les quartiers, dans les communes autour de Charleroi.

La programmation dans le cadre du Parcours Pluriel, avec des spectacles comme Cincali ! Mineur à vie ou Le mouton et la baleine, s’inscrit aussi dans cette logique. Nous cherchons à proposer des spectacles accessibles pour les jeunes, parfois plus légers, et d’autres avec un propos plus politique. Cette programmation résonne avec les préoccupations des associations de Charleroi.

Parfois, elle est plus pointue, parfois plus populaire. L’idée est d’encourager une conscience critique des réalités sociales. C’est un des fondements de l’éducation permanente. Bertolt Brecht disait : « Si le théâtre ne renouvelle pas notre regard sur le monde, qu’il disparaisse ». En effet, Je pense qu’on n’a toujours pas trouvé mieux que l’art pour éveiller les esprits.

Je ne suis pas un spécialiste des questions interculturelles. Je préfère parler de métissage, de société hybride ou cosmopolite. Dans le métissage, chacun perd un peu de sa culture, mais pour construire autre chose. Je m’intéresse aux cultures avec un petit « c » et un « s », dans une perspective plus large contre toutes les formes de discrimination : genre, handicap, orientation sexuelle, origine…

La collaboration avec le tissu associatif local est essentielle. Il ne s’agit pas de les voir comme des fournisseurs de public. Il s’agit d’un véritable partenariat, d’un échange dans une logique de co-construction. Historiquement, Pierre Noël, notre Monsieur théâtre, a toujours été à l’écoute. Il sait intégrer dans la programmation les sujets qui touchent les associations carolos.

Mais au-delà des spectacles, il y a aussi des projets à inventer ensemble. Par exemple, plusieurs opérateurs réfléchissent à un événement autour des cultures urbaines, sans doute dans le cadre de Mons 2015. Ce n’est pas le centre culturel qui doit tout décider. Cela se construit ensemble.

Comme le dit proverbe un africain : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

Eden
Boulevard Jacques Bertrand, 1-3
Tel : 071 20 29 93
www.pba-eden.be

  • Plus d’infos sur les spectacles du Parcours Pluriel? cliquez sur le lien suivant:

– Cincali

– Le mouton et la Baleine

– L’insoumise ou Scarlett O’hara au pied du terril

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