Le cahier Migration économique, libre circulation et étudiants met notamment en évidence la stagnation de la libre circulation intra-européenne, la baisse des décisions positives en matière de permis uniques délivrés pour la première fois aux ressortissants de pays tiers, ainsi que la forte progression des détachements.
Malgré un léger apaisement du marché du travail, le recrutement de personnel adéquat reste un défi majeur pour de nombreux employeurs. Au dernier trimestre 2024, plus de 170.000 postes étaient vacants dans l’ensemble du pays. Ce chiffre est sensiblement inférieur à celui de la période record vécue en milieu d’année 2022 — avec ses 210.000 offres d’emploi non pourvues — mais reste nettement au-dessus de celui du dernier trimestre 2019 — où l’on comptait un peu moins de 140.000 emplois vacants.
Les derniers chiffres montrent qu’en dépit de ce récent apaisement, le marché du travail belge est l’un des plus tendus d’Europe, même s’il convient de noter d’importantes différences régionales. C’est la Région flamande qui souffre de la plus grande pénurie; le taux de vacance d’emploi flamand de 4,55 est presque deux fois supérieur à la moyenne de l’UE.
En résumé, l’économie belge souffre d’une grave pénurie de main-d’œuvre, qui touche de nombreux secteurs et niveaux de qualification. Activer la main-d’œuvre existante, miser sur la mobilité interrégionale et attirer des travailleurs de l’UE sont souvent – et à juste titre – considérées comme les mesures indispensables pour faire face à cette pénurie. Dans le cas de cette dernière solution, notons toutefois que la libre circulation des citoyens de l’UE vers la Belgique stagne depuis un certain temps. Enfin, il convient également de prendre en compte le potentiel de main-d’œuvre provenant de l’extérieur de l’UE (pays tiers).
Les données chiffrées montrent que ce dernier flux migratoire diminue légèrement à partir de 2022-2023. Parallèlement à la baisse du nombre de visas délivrés, on observe également une diminution du nombre de permis uniques (plus précisément des permis uniques à durée limitée) délivrés à la suite d’une première demande.
Contrairement à cette forme « traditionnelle » de migration de main-d’œuvre, de plus en plus de ressortissants de pays tiers sont détachés d’un État membre de l’UE pour fournir des services temporaires à des clients belges. Contrairement à leurs homologues de l’UE, ils sont beaucoup plus susceptibles d’être employés dans des secteurs à forte intensité de main d’œuvre. Compte tenu de leur dépendance à l’égard de l’employeur qui les envoie, tant en termes de travail que de résidence, la vigilance à l’égard des abus potentiels reste de mise pour ce groupe croissant de travailleurs temporaires.
Dans la suite du présent cahier, les derniers chiffres disponibles seront développés. Tout d’abord, la discussion portera sur les principaux amendements apportés aux réglementations pertinentes. En effet, le paysage de la migration économique a été fondamentalement remodelé en 2024. Toutes les régions compétentes (la Région flamande, la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale et la Communauté germanophone) ont modifié leur réglementation sur les possibilités d’obtenir une autorisation de travail pour les ressortissants étrangers ne disposant pas de la nationalité d’un État membre de l’Union européenne. En outre, l’accord-cadre de coopération a également été modifié en mars 2024.
Source : Myria – Centre Fédéral Migration
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