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Refuser l’inertie : Unia rapport 2017

Unia fête, en 2018, son 25ème anniversaire. Le chemin parcouru est immense et nous y avons croisé beaucoup de monde : acteurs de la société civile, experts, femmes et hommes politiques, membres d’associations locales ou d’organisations internationales et surtout une foule de citoyens voulant en découdre avec les inégalités. La lutte contre les discriminations est devenue un objectif social partagé, incontesté. L’égalité des chances et des droits n’est pas acquise pour autant mais elle progresse, malgré
les résistances.

Nous avons, à Unia, gagné en expérience et notre énergie est intacte. L’année écoulée a pourtant été chahutée à tous les niveaux.

Une année chaotique :

Le vivre-ensemble est malmené. L’étude Noir, Jaune, Blues, publiée tout au début de l’année, dresse un constat amer de notre rapport à l’altérité. La peur des musulmans et des immigrés (souvent assimilés) est exprimée par 6 personnes sur 10. Les Belges considèrent, dans la même proportion, que la société est devenue un énorme chaos.

La tentation de repli, qui domine dans l’opinion publique, apparaît donc comme un réflexe face à un environnement perçu comme hostile. En même temps s’expriment l’envie d’autre chose, un appel à un projet de société plus inclusif, l’attrait de l’optimisme, malgré tout. Et la conscience que le chaos doit amener le sursaut.

Année chaotique pour Unia aussi. En Flandre surtout, des voix s’élèvent dans certains rangs politiques pour mettre en doute notre rôle et certaines de nos positions. Notre statut, indépendant et interfédéral, dérange. Unia se retrouve, malgré lui et à la moindre occasion, précipité dans des joutes politico-médiatiques.

Le licenciement d’une collaboratrice fait lui aussi l’objet d’interprétations les plus diverses. Certains mettent en doute notre indépendance, d’autres nous prêtent un agenda caché ou qualifient notre action de « militantisme ». Nous restons évidemment à l’écoute de toute critique constructive mais nous nous inquiétons aussi de l’actuel climat de désinformation. Le soutien exprimé tant par la société civile que dans les enceintes parlementaires ou encore au niveau international nous conforte heureusement largement dans notre mission et nos actions. Nous souhaitons aussi souligner ici le professionnalisme de nos collaborateurs, qui poursuivent leur travail avec sérieux et motivation, dans un climat difficile.

Veiller au respect de la loi est-il devenu un acte militant ? Si la réponse est positive, cela en dit long sur l’état de notre démocratie.

En tant que service public indépendant, Unia veille à des droits et non à des intérêts. Or que constatons-nous, en 2017 ? Que la Belgique dispose d’une législation parmi les plus abouties en matière de lutte contre les discriminations en Europe, mais qu’elle peine et tarde à prendre les mesures nécessaires pour rendre effectif ce droit à l’égalité et à la non-discrimination.

La commission d’experts chargée de préparer le rapport d’évaluation des trois lois contre les discriminations, déposé au Parlement fédéral en février 2017 et qui a donné lieu à des auditions en fin d’année, ne dit pas autre chose. Si la législation peut encore être améliorée, en prenant par exemple davantage en compte les discriminations multiples ou par association, c’est avant tout au niveau de sa mise en œuvre effective qu’il faut travailler. Ne nous trompons pas : la discrimination, les actes et les discours de haine sont un fléau, de par leur impact individuel mais aussi sociétal. Ils exacerbent une société à plusieurs vitesses.

Els Keytsman Directrice
Patrick Charlier Directeur

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Source : Unia – Centre interfédéral pour l’égalité des chances

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