L'actu du Centre de Doc

Migrations subsahariennes

La migration transnationale des subsahariens se superpose aux circulations locales et se greffent aux mobilités internationales à partir des pays nord-africains.

Depuis les années 1990, des dizaines de milliers de migrants subsahariens, fuyant la guerre, les épidémies, la misère et le chômage ou se sentant tout simplement “à l’étroit” dans une société qui ne leur offre rien à la hauteur de leurs ambitions, quittent leurs pays (Afrique de l’Ouest ou Centrale) et traversent chaque année le Sahara, la Méditerranée ou l’Océan atlantique. Ils traversent plus ou moins clandestinement l’Afrique, régions par régions, frontières après frontières, en se réorganisant et en s’installant durant un certain temps dans les pays du Maghreb, et plus particulièrement au Maroc. Leur parcours dangereux et très long est avant tout transnational : ce sont des transmigrant. Ces nouvelles configurations migratoires sont en effet le résultat de l’établissement de réseaux sociaux transversaux aux États-nations qui permettent à ces acteurs de circuler dans et travers ceux-ci. Une fois le Sahara franchi, ils s’introduisent et se re-localisent collectivement dans les espaces régionaux et nationaux du Maghreb, circulant d’un pays à l’autre en jouant avec les différentes approches que ces États-nations ont du phénomène. Superposant de nouvelles relations sociales et de nouvelles logiques sur ces territoires, ils tentent ainsi d’échapper par leur mobilité au contrôle de l’État. Ils utilisent la dispersion dans l’espace comme une ressource. Cette transmigration est le résultat d’un projet, dans le sens de l’image d’une situation que l’on espère atteindre. C’est-à-dire tout ce par quoi les personnes tendent collectivement ou individuellement à modifier le monde qui les englobe, ou eux même, et leur position dans cet environnement. Ces transmigrants se construisent un projet qui prend son sens dans la migration transnationale en et qui se projette sur les espaces et les frontières que celle-ci amène à franchir. Le projet est appréhendé comme un objectif supérieur à tous les buts.

Il apparaît alors qu’ils se réalisent en tant qu’acteur de leur vie en se dotant d’un projet migratoire qui se substitue à un projet de vie, à une mobilité sociale, et qu’ils se reconnaissent ainsi entre eux. On se construit un ailleurs où tout devient possible, un espace imaginaire de réalisation sociale, un projet de vie, et pour y passer on élabore un projet migratoire qui ne peut se réaliser que par une migration transnationale. Au-delà des origines nationales, religieuses et ethniques, ces transmigrants se reconnaissent à l’intérieur d’un espace qu’ils traversent au cours de leur migration car non seulement ils viennent de l’Afrique Noire, mais aussi parce qu’ils créent une histoire commune ; une “aventure”. Leurs projets migratoires se ressemblent. Ce lien social original qui se forme autour du projet migratoire commun contribue d’une certaine façon à l’acquisition d’une des dimensions du savoir-faire nomade : organiser en situation de mobilité l’entraide et la solidarité autour de la complémentarité et instituer collectivement des circulations en repérant des routes migratoires déjà existantes ou en dessinant de nouvelles pour y repasser ou faire passer ceux qui suivent. Leur “savoir-passer” les frontières qui caractérise leur identité de transmigrant se nourrit aussi du “savoir-passer” autochtone nouant alors avec ces derniers des relations sociales nouvelles, car issues de la mobilité.

Face aux fermetures progressives des frontières de l’Union Européenne, ces nouveaux flux migratoires reconfigurent à partir du Maghreb, les formes, les temps et les territoires de la migration en cherchant de nouvelles destinations mais aussi de nouvelles manières de contourner les contraintes territoriales, les frontières et les injonctions des États-nations.

Source : http://www.sireas.be

 

Catalogue documentaire

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