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SAUDADE #48 : À Ostende, Halloween ou la nouvelle chasse aux sorcières sociales

Dans la nuit du 18 au 19 octobre, alors que les couloirs de l’aéroport d’Ostende étaient presque vides, une opération peu ordinaire s’est déroulée dans le hall des arrivées.

Pas de contrôle douanier, pas de police des frontières, mais des inspecteurs de l’INAMI et de l’ONEM en mission spéciale d’identifier les passagers qui perçoivent une allocation sociale.

Les agents ont laissé passer les ressortissants français et néerlandais sans un mot, puis ont sorti leurs smartphones pour scanner les cartes d’identité de chaque citoyen belge.

Une application permettait d’afficher instantanément le statut social de chacun : chômeur, malade, bénéficiaire d’une allocation. Un geste anodin en apparence, mais lourd de symboles.

Selon les autorités, ces contrôles, menés dans les aéroports du pays, visent à vérifier que les allocataires sociaux respectent les formalités administratives nécessaires pour séjourner à l’étranger.

En pratique, ils illustrent une tendance plus profonde d’un État qui se méfie de ses propres citoyens, surtout des plus fragiles. Cette violence symbolique est le symptôme, souvent évoqué, d’un glissement d’un État social vers un Etat punitif. La domination s’exerce non par la force, mais par l’humiliation ordinaire d’un simple scan d’identité dans un aéroport désert.

En cette période d’Halloween, la traque nocturne des « fraudeurs sociaux » évoque la manifestation contemporaine du pouvoir disciplinaire de contrôle discret, technologique, individualisé, qui punit les fautes et prévient les déviances. Voilà comment après avoir désinvesti des politiques sociales, on investit massivement dans la surveillance et la stigmatisation.

On ne brûle plus les sorcières sur la place publique. On scanne leurs cartes d’identité à la sortie de l’avion. Le ciblage sélectif en dit long sur l’évolution du contrôle social. Derrière la technologie et la rigueur administrative, c’est la vision d’une société qui préfère surveiller ses allocataires plutôt que les accompagner. Et dans cette atmosphère de peur et de contrôle, en cette période d’Halloween, à nous d’évoquer la métaphore des monstres qui pourraient remonter à la surface…

Fabrice CIACCIA, Directeur du CRI Charleroi

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