News, SAUDADE

SAUDADE #44 : La résurgence insidieuse des visites domiciliaires

En 2018, j’ai participé pour le CRI Charleroi à un débat télévisé sur Télésambre au sujet des visites domiciliaires. Très vite le projet de loi du gouvernement de l’époque a été abandonné tant il soulevait l’indignation.

Des visites domiciliaires pour débusquer les personnes en séjour irrégulier…. Très vite, cette perspective d’intrusion violente dans la sphère privée a été perçue comme « inenvisageable » pour la plupart des démocrates.

Toutefois, qui aurait pensé qu’en 2025, nous serions à la veille d’un retour souterrain, mais non moins insidieux, de cette pratique jadis abandonnée.

Il y a sept ans à peine, le gouvernement fédéral avait abdiqué face à l’irruption massive de critiques du monde associatif, social et surtout juridique. Rationaliser les perquisitions des foyers « suspects » avait choqué une société qui refusait la criminalisation de la solidarité.

Cette mesure fut formellement rejetée par le même gouvernement qui aujourd’hui la ressuscite.
Mais voilà que les visites domiciliaires resurgissent dans l’accord d’été du gouvernement « Arizona », autorisant police et Office des étrangers à pénétrer chez vous, chez moi, pour traquer ceux qu’on juge « indésirables ».

Cette mesure revient « sans crier gare » et nous rappelle des heures sombres de notre histoire…
Et pourtant, on espère nous faire avaler cette mesure sans vergogne en arguant que… le paysage politique a changé.

Selon Andrea Rea, c’est la peur du public et la dilution de la mobilisation associative qui ont permis ce retour silencieux.

Le raisonnement de nos gouvernants est cynique. En effet, les visites domiciliaires reparaissent faute de « vigilance citoyenne ».

Dès lors, nous nous faisons ici les gardiens de la mémoire collective et des droits fondamentaux.
Et si nos représentants politiques pensaient que nous avions oublié ? Ils ont tort.

En 2018, la société civile, les juristes, les associations ont contraint le gouvernement à jeter aux oubliettes cette mesure traumatisante que sont les visites domiciliaires.

En 2025, à l’ombre d’un accord de l’été, cette injonction revient, plus dangereuse encore qu’avant, parce qu’on tente de la faire passer comme « technique », « adaptée », « raisonnable ».

C’est un retour pernicieux. Ce n’est pas un progrès. Ce n’est pas un droit, c’est une violation.
Nous ne resterons pas silencieux. Et à ceux qui disent que la société a changé, nous répondons que nous n’avons pas changé.

En droit belge (et européen), la protection du domicile est ancrée dans l’article 8 de la Convention européenne des droits humains. Et avec ces visites domiciliaires, c’est à nouveau notre Etat de Droit qui vacille.

Fabrice CIACCIA, Directeur du CRI Charleroi

Nos prochains événements

Cofinancé par :

Logos RW & Europe