En 2024 également, le monde a connu une série de conflits internes et internationaux qui ont poussé de nombreuses personnes à l’exil. La pression sur le système d’asile en Belgique et sur notre organisation s’est dès lors maintenue à un niveau très élevé en 2024. En témoigne notamment le nombre particulièrement élevé de demandes de protection internationale, en augmentation de près de 12% par rapport à 2023. L’afflux reste donc très élevé pour la troisième année consécutive, le nombre cumulé des demandes sur les trois dernières années s’établissant à plus de 100.000. Le CGRA a encore été confronté en 2024 au phénomène de la migration secondaire. Des personnes dont la demande est encore en cours d’examen dans un autre État membre de l’UE ou qui y disposent déjà d’un statut de protection ont néanmoins introduit une nouvelle demande en Belgique, ce qui a davantage accru la pression sur les instances d’asile belges. Nous constatons également qu’un nombre important de primo-demandeurs en Belgique nécessitaient une protection internationale, d’où un taux de protection de 47,2%.

Le CGRA a également pris un nombre record de décisions en 2024 : 27.471 décisions concernant un total de 34.025 personnes, soit une augmentation de 14% pour ce qui est du nombre de personnes concernées. Pourtant, malgré les efforts considérables fournis par mes collaborateurs, l’arriéré n’a pu être réduit. Je me réjouis dès lors qu’un renforcement temporaire des instances d’asile est prévu dans l’accord de gouvernement. Il est évident qu’en plus des mesures prises en interne pour améliorer l’efficacité, la résorption de l’arriéré suppose également un renfort de nos effectifs. J’ai bon espoir qu’on assistera à un renversement de tendance et à une réduction de la pression, non seulement sur les structures d’accueil, mais aussi sur les demandeurs et sur les collaborateurs.

L’année écoulée a été une année riche en changements et en initiatives. Des actions spécifiques ont été lancées en interne pour renforcer l’efficience et augmenter l’output. Citons entre autres l’organisation d’entretiens raccourcis, l’intensification de la collaboration avec l’Office des étrangers, un screening renforcé des dossiers et la mise au point d’une procédure accélérée pour prendre des décisions plus rapidement dans certains types de dossiers. Le projet Tabula Rasa s’est achevé et a fait l’objet d’une évaluation. La phase préparatoire pour traduire les éléments positifs de l’évaluation en mesures de soutien au traitement des dossiers a été lancée.

En 2025 également, nous entendons affiner ces mesures destinées à augmenter le nombre de décisions sans compromettre leur qualité : la prise d’une décision juste sans perdre de vue le bien-être de nos collaborateurs. De nombreux défis nous attendent dans l’année qui vient et il faudra également réduire notre charge de travail. Nous allons également mettre en œuvre les mesures découlant du cadre du Pacte européen sur la migration et l’asile.

Le CGRA continuera par ailleurs à miser sur un renforcement de l’approche en terme de chaîne, notamment en optimisant les échanges d’information et la collaboration entre les différentes instances d’asile. Tous ces défis et changements, et en particulier la charge de travail élevée, demandent un effort important de la part de mes collaborateurs. Sans leur engagement et leur professionnalisme, le CGRA aurait été incapable d’augmenter significativement son output. Je leur suis très reconnaissante pour tous les efforts fournis.

Sophie Van Balberghe,
Commissaire générale aux réfugiés et aux apatrides