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SAUDADE#26 : Le droit à la nationalité – entre citoyenneté choisie et citoyenneté achetée

SAUDADE droit à la nationalité

Fruit d’une réflexion entre collègues, l’annonce récente de l’augmentation des frais de naturalisation en Belgique, passant de 150 à 1.000 euros nous interpelle. Elle constitue bien plus qu’une simple réforme administrative : elle marque un tournant idéologique dans la manière dont l’État belge conçoit l’accès à la citoyenneté.
Ce choix, sous l’influence d’un discours sécuritaire et restrictif porté notamment par la N-VA, soulève des questions fondamentales sur l’égalité d’accès au droit à la nationalité et sur la nature même de la citoyenneté.
La citoyenneté serait-elle devenue un produit de luxe ? En effet, le droit à la nationalité est un droit fondamental, garant d’intégration. En rehaussant le coût de cette procédure, le gouvernement opère un glissement vers une logique marchande de la citoyenneté. Devenir Belge devient une démarche élitiste, conditionnée à des capacités financières.
La proposition initiale de Theo Francken de fixer ce montant à 5.000 euros, bien que non retenue, illustre une vision utilitariste et excluante du vivre-ensemble.
Ce type de mesure ne peut qu’accentuer les inégalités sociales, en excluant de fait des personnes issues de milieux plus modestes, pourtant souvent pleinement investies dans leur pays d’accueil. Peut-on réellement parler d’intégration quand l’accès à la pleine citoyenneté devient une affaire de « gros sous » ?
Certains défendent l’argument faussement neutre que cette hausse est un alignement sur les pratiques d’autres pays européens, tels que les Pays-Bas ou le Royaume-Uni. Mais faut-il pour autant s’aligner sur des modèles qui traduisent un durcissement généralisé des politiques migratoires ? L’harmonisation devrait-elle se faire par le bas ? Ne devrions-nous pas ambitionner un modèle plus juste, plus inclusif, et plus égalitaire.
Cette réforme n’est pas neutre. Elle s’inscrit dans un projet politique de retrait de la solidarité nationale, de réduction du champ des droits, et de stigmatisation des étrangers. Dans leurs discours, les étrangers sont transformés en suspects ou en opportunistes. Tout ceci participe à cette idée pernicieuse selon laquelle la citoyenneté ne serait plus un vecteur d’émancipation, mais un privilège qu’il faut mériter, voire acheter.
La nationalité doit être un levier d’émancipation et de participation, et non une récompense conditionnée à des critères arbitraires ou économiques. Face aux logiques d’exclusion. Il est urgent de repenser une citoyenneté accessible, ouverte et égalitaire, qui reconnaît les parcours, les attachements et les contributions réelles des personnes vivant sur le territoire belge.
Car la vraie question n’est pas de savoir combien il faut payer pour devenir Belge, mais quel sens donne-t-on aujourd’hui à être Belge : une identité partagée ou un titre réservé à ceux qui peuvent se le permettre ?

Fabrice CIACCIA
Directeur

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