L'actu du Centre de Doc

Peut-on (se) déradicaliser ?

Dans l’Agenda interculturel de décembre 2017, nous avions posé la question : comment prévenir le radicalisme violent ? Face à la complexité du thème, nous avions prudemment ajouté le sous-titre « Des questions derrière la question ».

Après la prévention, nous sondons cette fois la possibilité de (se) déradicaliser. Et la même prudence s’impose à nous. Nous avons rencontré quelques professionnels qui côtoient des personnes radicalisées. Ils n’ont pas caché combien ils étaient démunis par rapport à ce processus, non seulement en termes de moyens mais surtout d’analyses et de compréhension.

Proportionnellement à sa population, la Belgique détient, à l’échelle de l’Union européenne, le taux le plus élevé de combattants terroristes partis en Syrie et en Irak. Selon l’OCAM (Organisation de coordination pour l’analyse de la menace), la présence belge depuis 2012 est estimée entre 550 et 600 individus. Autre « record européen » cité par le rapport de l’Institut Egmont sur les returnees : la Belgique détient le plus haut taux de retours de ces combattants, soit un retour pour 100.000 habitants. Du coup, les radicalisés et les returnees sont-ils des bombes à retardement ? La réponse est aussi simple que la question : on n’en sait rien.

Les actes terroristes (et pas seulement eux) mettent notre démocratie à l’épreuve. C’est à nous, démocrates, de garder la voie du milieu, sans verser dans le sécuritaire à tout crin ni dans l’angélisme, en veillant à raison garder.

Nous refermerons ce dossier en nous disant qu’il nous faudra une fois de plus « allier le pessimisme de la raison à l’optimisme de la volonté » (Antonio Gramsci).

Deux experts de l’Uliège et du CETR (Centre d’étude sur le terrorisme et la radicalisation) décortiquent la question d’une possible déradicalisation : Alain Grignard, islamologue, et Serge Garcet, docteur en psychologie et professeur au Département de criminologie. L’un et l’autre observent la fragilité conceptuelle de la notion de déradicalisation et l’absence de preuves empiriques en faveur de ce processus.

 

Source : Agenda interculturel, mars 2018 – n° 339

Centre Bruxellois d’Action Interculturel – CBAI

 

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