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Violence liée à l’honneur : Comment y faire face en tant que professionnel ?

Ces dernières années, différents événements tragiques ont attiré l’attention sur la problématique des violences liées à l’honneur en Belgique. Cette problématique couvre un ensemble de violences infligées essentiellement aux femmes par les membres de leurs familles lorsqu’ils considèrent que celle-ci a sali l’honneur familial et doit donc être punie pour cette offense. Des comportements soi-disant immoraux qui peuvent recouvrir une infidélité, un refus de se marier, une demande de divorce, un viol, ou tout autre comportement jugé comme déshonorant pour la famille et la communauté.

violence honneurOn recourt plutôt au concept large de violences liées à l’honneur, car le crime constitue la forme la plus extrême pour rétablir cet honneur. Comme le révèlent certains travaux menés aux Pays-Bas, les terminologies « vengeance d’honneur » ou « crime d’honneur » sont trop limitatives, en ce sens qu’elles n’accordent pas suffisamment d’attention aux autres formes de violence plus « légères » (harcèlement, mutilation, etc.). Or, celles-ci peuvent constituées les bases de formes plus sérieuses parmi lesquelles, dans les cas les plus extrêmes, figure le meurtre.

Toutefois, la Belgique ne dispose pas actuellement de définition commune relative au concept de violences liées à l’honneur. Dans l’attente d’une telle adoption, on se réfère actuellement aux travaux menés aux Pays-Bas qui ont abouti à la définition de travail suivante :« La violence liée à l’honneur englobe toute forme de violence mentale ou physique perpétrée au départ d’une mentalité collective en réaction à une (menace d’) atteinte à l’honneur d’une femme ou d’un homme, et donc de la famille de celle-ci/celui, et dont le monde extérieur est, ou risque d’être, au courant. »

Le Service de la Politique Criminelle (EGG) propose comme définition de travail : « La violence liée à l’honneur renvoie à toute forme de violence physique, sexuelle, psychique ou économique commise d’après une mentalité collective en réaction à une (menace d’)atteinte à l’honneur d’une famille et/ou communauté, dont le monde extérieur est au courant ou risque de l’être. »

Les violences liées à l’honneur sont considérées sur le plan belge comme étant une violation flagrante des droits humains et des libertés fondamentales, une violence commise principalement à l’égard des femmes et qui se fonde sur des traditions injustes où prime un système patriarcal de la famille.

S’il est pratiquement impossible d’évaluer avec précision le nombre de violences liées à l’honneur commises en Belgique, on sait qu’elles se produisent et affectent un large éventail de cultures, de communautés, de religions et d’ethnies et sont perpétrés dans un grand nombre de pays différents. Il s’agit dès lors de combattre le relativisme culturel mais également veiller à ne pas tomber dans une stigmatisation en se concentrant non pas sur ungroupe/une religion/une communauté bien déterminé(e), mais bien sur une pratique.

En 2008, le Sénat, à l’initiative du Comité d’avis pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes, a procédé à plusieurs auditions sur le sujet des violences liées à l’honneur et rédigé un rapport dont il ressort notamment la nécessité de développer la connaissance du phénomène et de mettre en œuvre une stratégie globale.

C’est pourquoi, les gouvernements de tous niveaux de pouvoir confondus, ont également englobé dans PAN 2010-2014 cette forme de violence dans son champ d’action. Néanmoins, si l’on souhaite agir sur une problématique, il faut d’abord la connaître et la Belgique dispose de peu de données sur les violences liées à l’honneur. La première étape d’une stratégie future de lutte contre cette problématique passe donc par un tableau précis de son étendue et des questions qui s’y rapportent. A cette fin, une recherche scientifique a été notamment menée afin de bénéficier d’une vision plus précise de l’ampleur de la problématique en Belgique.

 

Source : Institut pour l’égalité des femmes et des hommes

 

Version PDf de la publication.

Service public fédéral intérieur, 16 pages, 2013.

 

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