La plupart des pays d’Europe font face à des enjeux croissants liés aux migrations internationales. Cependant, ce sont majoritairement les villes qui doivent agir. En effet, c’est à elles qu’il revient d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques d’intégration. Ces politiques doivent à la fois renforcer la cohésion de la collectivité et faire en sorte que l’immigration soit perçue comme un facteur de développement, et non comme une menace.

Dans ce contexte, ce guide s’adresse aux dirigeants municipaux ainsi qu’aux praticiens. Il vise à partager les enseignements tirés d’un programme pilote de trois ans, lancé par le Conseil de l’Europe et la Commission européenne. Ce programme, intitulé « Cités interculturelles », a pour objectif de développer une approche interculturelle de l’intégration.

Par ailleurs, la diversité représente l’avenir de l’Europe. Toutefois, aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous permettre d’être négligents sur ce sujet ni de le traiter par défaut. Au contraire, la gestion de la diversité doit devenir une priorité pour les pouvoirs publics. Cela s’impose non seulement parce que l’exclusion, la xénophobie et les crimes de haine constituent des violations graves des droits fondamentaux et de la dignité humaine, mais aussi parce que, dans une économie mondialisée et concurrentielle, il est essentiel de mobiliser tous les talents disponibles.

C’est pourquoi le Conseil de l’Europe et l’Union européenne ont adopté plusieurs normes. Ils ont également lancé diverses initiatives pour lutter contre le racisme et la xénophobie, et pour promouvoir le dialogue interculturel. En complément, à travers le programme des Cités interculturelles (ICC), ils soutiennent la mise en place de stratégies locales de gestion de la diversité. Celles-ci doivent considérer la diversité comme une chance, et non comme un problème.

De plus, un solide corpus de recherches souligne le potentiel de la diversité. Elle favorise le développement social, culturel et économique, renforce l’attractivité des villes et des régions, et améliore l’efficacité des politiques publiques. Néanmoins, cette valeur ajoutée ne se manifeste que si les différences sont perçues positivement. Il est également indispensable que les structures sociales puissent gérer les conflits culturels de manière efficace.

Ainsi, pour tirer pleinement profit de la diversité, il faut l’intégrer activement dans tous les domaines : institutions démocratiques, environnements éducatifs, entreprises, organisations culturelles et sociales, médias, et espace public. Il est aussi essentiel d’encourager ceux qui proposent des innovations interculturelles, construisent des ponts entre les communautés, et créent des espaces communs. En favorisant les liens entre personnes d’origines diverses, on peut viser ensemble des objectifs partagés.

Grâce à ce programme, de nombreuses villes en Europe et au-delà ont revu leurs politiques. Elles ont repensé leurs structures de gouvernance afin de transformer la diversité en tremplin pour progresser, plutôt qu’en obstacle. Ce guide raconte l’histoire de ces cités interculturelles. Il en tire des enseignements concrets, et rassemble des connaissances et des exemples utiles aux décideurs et aux acteurs de terrain.

Enfin, la meilleure traduction de l’expression « vie harmonieuse en commun dans la diversité » en japonais est « symbiose culturelle ». Ce terme résume parfaitement la philosophie des cités interculturelles. Nous sommes tous interdépendants. Donner les moyens d’agir à certains, c’est agir pour l’ensemble de la société. À l’inverse, la division met en danger notre avenir collectif.

Snežana Samardžić-Marković
Directrice générale de la Démocratie
Conseil de l’Europe

Jan Truszczyński
Directeur général de l’Education, la Formation, la Culture et la Jeunesse
Commission européenne

Conseil de l’Europe, ISBN 978-92-871-7631-8, 63 pages, 2013