La première édition d’« Une histoire de l’immigration » a été publiée par la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2003. Elle a connu un succès indéniable et pour rencontrer le nombre important de demandes, notamment du milieu scolaire et du secteur associatif, il nous a paru nécessaire, aujourd’hui, d’actualiser cet ouvrage.
C’est cette nouvelle version que j’ai le plaisir de vous présenter à travers cette préface.
L’immigration, ou du moins ce qui est désigné comme tel, recouvre des réalités très variées : celle de citoyens hollandais ou français — les immigrés les plus nombreux en Belgique, celle de familles Roms, ou celle d’hommes, de femmes et parfois d’enfants seuls qui fuient des situations de guerre ou de misère, mais aussi celle de jeunes « issus de l’immigration » qui n’ont jamais migré davantage que d’un quartier de Bruxelles à un autre. Le point commun à toutes ces réalités, c’est le voyage, l’existence d’un ailleurs, l’histoire d’un départ — le sien ou celui de ses parents — et d’une décision de quitter un monde pour en découvrir un autre. Et le poids de l’histoire. Celle de ses origines, mais également celle de l’accueil reçu, des obstacles rencontrés, des combats à mener pour vivre dans un monde nouveau, des deuils à faire du pays quitté, mais aussi du rêve d’un eldorado. L’immigré a toujours une histoire.
Mais si l’immigré a une histoire, son pays d’accueil, la Belgique en ce qui nous concerne, la partage avec lui. L’histoire de l’immigration en Belgique se raconte également, parce que connaître l’histoire de l’immigration, c’est mieux connaître notre société, ses valeurs, sa conception de la citoyenneté, la façon dont elle s’est construite et dont elle a géré l’une des choses les plus difficiles pour les sociétés humaines : vivre ensemble, malgré les différences, avec les différences.
Cette « Brève histoire de l’immigration en Belgique », par le regard qu’elle porte sur presque un siècle d’immigration (en partant des années 1920 jusqu’aux années 2000), permettra à chacun et chacune, jeune ou adulte, d’être un citoyen plus éclairé sur notre société. Les nombreuses problématiques qu’elle aborde — les vagues successives d’immigration dans l’après-guerre, guidées par un besoin de main d’œuvre, l’impact de la construction européenne, l’émergence de la préoccupation de fermer les frontières, la question de l’intégration des immigrés, l’entrée de la problématique religieuse dans les débats, ou la banalisation de certains discours d’exclusion dans les discours politiques et médiatiques — contribueront, je l’espère, à une éducation à la citoyenneté, que je conçois comme une éducation à la tolérance, comme un éveil à la curiosité et à l’envie de découvrir l’autre et ses différences, comme la construction d’une capacité collective à débattre.
Cela, pour que tous les citoyens belges veillent à rester acteurs d’une communauté riche, ouverte, diversifiée, ancrée dans les racines de ceux qui la constituent, et capable, sans préjugés, de donner à tous les mêmes chances d’égalité.
La ministre de la Culture, de l’Audiovisuel, de la Santé et de l’Égalité des Chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Source : www.egalite.cfwb.be
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