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Primo-arrivants : débat sur le parcours d’intégration

Ce mardi midi à Namur, Labiso proposait une discussion libre entre praticiens de l’intégration des primo-arrivants. Alors que les débats politiques sur ce sujet restent discrets, et que la Wallonie et la Cocof élaborent leurs projets, l’objectif était de prendre du recul tout en restant ancrés dans la réalité de terrain. En parallèle au travail politique, de nombreux projets locaux testent déjà ce qui pourrait, demain, devenir la norme.

Une vingtaine de participants ont réagi à trois brèves présentations. Celles-ci portaient sur des pratiques variées qui seront détaillées dans un prochain cahier Labiso, prévu pour janvier. On y retrouvait le Bapa d’Ixelles, porté par le Ciré, les actions de l’asbl Couleur Café à Malmédy, ainsi que celles du Cric de Charleroi, notamment en collaboration avec la Ville.

Très vite, la discussion s’est centrée sur les publics visés. Ces questions ont rapidement ouvert le débat. Aujourd’hui, les bénéficiaires sont majoritairement des personnes originaires de pays du Sud, souvent venues par regroupement familial. Plusieurs raisons expliquent cela. L’accueil des réfugiés relève du niveau fédéral. Les projets financés par l’Union européenne via le FEI concernent uniquement les ressortissants non européens. Et le projet wallon prévoit déjà une série d’exceptions : dirigeants d’entreprise, sportifs, étudiants, etc.

Mais ces critères administratifs ne suffisent pas à expliquer les choix politiques actuels. Une question persiste : pourquoi cibler essentiellement les migrants « pauvres » ou ceux perçus comme les plus « exotiques », selon les mots de plusieurs participants ?

Cette question n’est pas seulement idéologique. Elle a des conséquences concrètes. Les Centres régionaux d’intégration s’adressent à l’ensemble des personnes étrangères. Pourtant, certains projets affirment ne pas trouver assez de public si l’on se limite aux catégories administratives actuelles.

Un participant a formulé une réponse claire. Selon lui, l’objectif politique consiste d’abord à encadrer ceux qui deviendront usagers des services sociaux. Le cadre politique impose alors une norme et pousse les intervenants à l’appliquer. Toutefois, plusieurs participants ont salué le fait que cette approche descendante soit contrebalancée par la richesse des pratiques locales, qui proposent d’autres modèles. Le défi reste donc de les coordonner et de les relier à une première phase d’accueil et de suivi.

Certains ont aussi souligné que la Belgique francophone, sans forte identité nationale, favorise ce type d’approche. Elle permet aux intervenants de valoriser la relation interculturelle, plutôt que d’imposer des normes toutes faites. Ils peuvent ainsi promouvoir une logique d’accueil fondée sur l’ouverture plutôt que sur l’intégration rigide.

L’asbl Couleur Café va même plus loin. Elle inclut des bénévoles « autochtones » dans ses modules de formation à la citoyenneté. Pour elle, la mondialisation transforme nos sociétés. L’accueil doit tenir compte des insécurités culturelles ressenties par tous, y compris par les personnes déjà installées. Un participant a résumé cette vision de manière frappante : « Tout le monde peut, à un moment donné, se retrouver en position d’accueillant ! »

source: Le fil d’infos Action sociale- du 12-12-2012 par Thomas Lemaigre – ALTER ECHOS

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