
SAUDADE – Hors-série
La vieille rengaine du bouc émissaire a encore frappé, et cette fois, elle a porté l’AfD jusqu’à des sommets inquiétants. Il fallait un responsable. Il en faut toujours un. C’est la faute aux migrants.
Un peu plus de 20 %. Voilà le score réalisé par le parti d’extrême droite lors des élections législatives anticipées en Allemagne. Un record. Un séisme. Jamais depuis la chute du IIIe Reich un parti de cette idéologie nauséabonde n’avait rassemblé autant de voix. Mais fallait-il vraiment s’en étonner ? Depuis des mois, la campagne battait son plein sur un seul et unique refrain : l’étranger est une menace, il nous envahit, il nous tue, il nous vole. On martèle, on assène, on rabâche. Et à force, ça rentre.
Quelques faits divers bien choisis, une agression tragique, comme celle du touriste poignardé au Mémorial de l’Holocauste… Et voilà l’opinion publique chauffée à blanc. Peu importe que les statistiques prouvent le contraire, que la criminalité n’explose pas avec l’immigration. Ce qui compte, c’est la peur. Et sur ce terrain-là, l’AfD excelle.
Évidemment, le parti n’a pas œuvré seul. Il a reçu l’aide précieuse de certains grands noms, à commencer par Elon Musk, qui n’a pas hésité à encenser Alice Weidel sur ses réseaux sociaux. Après tout, quoi de mieux que l’aval d’un multimilliardaire pour rendre respectable l’indéfendable ? Ajoutez à cela le vice-président américain JD Vance, venu donner sa bénédiction depuis Washington, et vous obtenez un mouvement légitimé…
Et que dire de la CDU/CSU, ce parti qui, autrefois, refusait de pactiser avec l’extrême droite ? En janvier dernier, il a brisé le « cordon sanitaire » en collaborant avec l’AfD. Le symbole était là ! Quand la droite traditionnelle ouvre la porte, l’extrême droite s’y engouffre.
Alors voilà où nous en sommes. Un pays où l’on ressasse les vieilles recettes du passé, où la peur remplace la raison, où les erreurs d’hier sont prêtes à être répétées. Il paraît que l’histoire ne se répète pas ? Elle bégaie seulement… Toutefois, à force d’ignorer les leçons du passé, l’Histoire menace de rejouer son pire scénario.
Merci à Anas (Stagaire au CRICharleroi pour l’échange d’infos)
Fabrice Ciaccia, directeur du CRIC
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