
Ce 7 novembre, nous nous sommes rassemblés pour honorer un site emblématique de notre histoire collective : le site minier du Pèchon. Autrefois, cœur industriel de Couillet, ce lieu porte en lui la mémoire de générations d’hommes et de femmes qui, par leur travail acharné, leur sueur, et parfois leur vie, ont façonné notre région.
Le Pèchon n’est pas seulement une page du passé. Il symbolise notre identité plurielle. Ce site témoigne d’une époque où l’industrie charbonnière faisait vivre Charleroi et ses environs, marqués par de grandes difficultés, mais aussi par la solidarité. Ce lieu incarne le patrimoine ouvrier de notre ville, un passé dont nous sommes fiers et qui forge encore aujourd’hui notre esprit collectif.
Dès son creusement en 1910, sous l’appellation Blanchisserie, le puits fut initialement exploité par les Charbonnages de Marcinelle-Nord, avant de passer en 1931 aux Charbonnages de Monceau-Fontaine, la plus importante société minière du bassin. Rebaptisé puits n°25, il devint rapidement un symbole des dures conditions de labeur, avec ses galeries inondées et marécageuses qui compliquaient l’extraction. Ces difficultés lui valurent le surnom wallon de « Pèchon » – « le poisson » – rappelant le défi quotidien d’évoluer dans l’humidité et les risques des profondeurs.
L’histoire du Pèchon est tristement marquée par le grisou, ce gaz mortel omniprésent dans les mines. En 1952, une explosion emporta dix mineurs, révélant la dangerosité et le prix humain de l’exploitation charbonnière. Plus de vingt ans plus tard, en 1972, une autre explosion de grisou fit six victimes, scellant l’un des derniers grands drames miniers de Wallonie. Malgré ces tragédies, le puits n°25 demeura actif jusqu’au 31 mars 1975, atteignant une profondeur impressionnante de 1 220 mètres et contribuant à la prospérité de la région.
Aujourd’hui, seuls les deux chevalements du Pèchon demeurent, tels des gardiens silencieux de la mémoire des mineurs qui, jour après jour, ont affronté les dangers des galeries. Ces structures rappellent le courage et la résilience de ces hommes dont l’engagement n’a pas seulement nourri leurs familles, mais a également insufflé une âme à toute une région.
Le Pèchon est devenu un symbole fort de l’esprit ouvrier de Couillet et du bassin carolorégien, un lieu où se conjuguent mémoire et respect. Commémorer le Pèchon , c’est honorer ces vies et rappeler aux générations futures l’importance de ce patrimoine industriel, reflet d’une Wallonie solidaire. Le Pèchon n’est pas seulement un vestige minier : c’est un monument vivant, témoin de notre histoire commune.
Enfin, cette commémoration du 7 novembre nous rappelle l’importance de se souvenir des vies et des solidarités qui ont façonné notre Histoire.
– Fabrice Ciaccia, Directeur du CRIC
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