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Dire « NOUS » : conjuguer des solidarités au présent

L’inspiration est venue de murs verviétois habillés de fresques. Le passant peut y lire des extraits de l’essai « Dire nous. Contre les peurs et les haines, nos causes communes », un livre écrit par le journaliste français Edwy Plenel en 2016. Il invite à cheminer « tous ensemble, dans le souci des plus fragiles », à nous extirper des divisions, à sortir de la logique « eux contre nous » versus « nous contre eux », à dire des « nous » d’égalité, d’humanité…

Ces propos ont résonné au sein de Vivre Ensemble. Il en ressort une réflexion sur ces « nous » qui excluent, sur la nature prétendument égoïste de l’être humain. S’ensuit un parcours d’une dizaine de « nous solidaires », au cœur de l’actualité : de la cohabitation au partage des biens communs ; de l’accueil de migrants à la considération pour l’autre différent en passant par la mobilisation autour du climat… Certains de ces « nous » sont à formuler, d’autres à revendiquer, d’autres encore à vivifier. La liste n’est pas exhaustive. Elle témoigne, par contre, de nos pouvoirs d’agir de manière ouverte et solidaire. Elle fait état de combats menés par Vivre Ensemble et par ses partenaires, pour conjuguer des solidarités au présent.

En résonance avec Vivre Ensemble

Parmi les « nous » qu’Edwy Plenel cite en une litanie insistante au début de son essai, retenons-en trois. Pourquoi ceux-là? Parce qu’ils résument nombre d’autres. Parce qu’ils résonnent particulièrement avec la raison d’être de Vivre Ensemble, avec les visées de notre association, ses espérances. À les parcourir, on suit en effet le chemin de notre engagement quotidien dans l’éducation permanente.

• « Le nous de l’égalité, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, d’appartenance ou de croyance, de sexe ou de genre » s’accorde avec l’esprit des combats portés par Vivre Ensemble. La lutte contre l’exclusion des plus pauvres, la violation des droits humains en sont le cœur.

• « Le nous des audaces démocratiques, sociales, écologiques et culturelles sans lesquelles il n’est pas de confiance retrouvée dans un avenir partagé » rejoint l’élan de nombre d’associations, de projets que soutient Vivre Ensemble.

• « Le nous des humanités conscientes de leur relation vitale à la nature, à la terre et au ciel, à l’eau et aux plantes, aux autres espèces, au tout vivant du Tout-Monde dont nous sommes » engage dans une transition nécessaire vers un autre modèle de société. Troisième axe investi par Vivre Ensemble.

À partir de ces trois axes, une multitude de « nous solidaires » peuvent se décliner. Au fil de ces pages, il sera question de certains d’entre eux.

Les « nous » mosaïques

Mais, comme le suggérait une récente étude du Cefoc (Centre de formation Cardijn), penser le vivre-ensemble en omettant les désaccords, les divergences qui le traversent, est un leurre. Le concept de vivre-ensemble serait trop souvent lissé, finalement réduit à un slogan facile ou naïf. « Dans l’acception courante, vivre ensemble suppose que les conflits ne doivent pas exister, relève le psychosociologue Charles Rojzman cité par le Cefoc. Nous devons tous nous aimer ou du moins nous respecter avec nos différences. L’idée est belle et louable, mais elle omet un point essentiel : nous ne sommes pas seulement différents, nous sommes aussi en désaccord, nos avis divergent sur la manière de concevoir la vie en société, l’éducation, le civisme, la religion, le bien et le mal… ». À laisser résonner ces propos avec l’intention d’affirmer des « nous solidaires et ouverts », on prend conscience de la difficulté de l’enjeu pour dire un vrai « nous », pour ne pas se limiter à une juxtaposition d’univers, pour ne pas se contenter d’une société atomisée.

En perspective

« Aimons et partageons », proposait Malou à Seraing, ce 10 mai, lors d’une rencontre VIP (volontairement impliqué en pauvreté), formation organisée par Vivre Ensemble. Cette devise est d’autant plus touchante dans sa bouche qu’elle même a connu de grandes difficultés financières. Malou rejoint les voix de nombreux autres – à Bruxelles, en Wallonie ou ailleurs – qui estiment essentiel de : « s’attaquer à ce qui nous éloigne et prendre soin de ce qui nous relie ». Ce qui nous relie, c’est « la planète qui nous héberge, le système social qui nous protège, la fiscalité qui nous rend solidaires, la citoyenneté et l’emploi qui nous permettent de contribuer. La fraternité ». « Dire nous » sur l’ensemble de ces terrains réclame de cultiver la rencontre, d’avoir conscience de nos pouvoirs d’agir, de coopérer c’est-à-dire de s’associer pour apprendre, connaître et œuvrer ensemble.

Source : www.vivre-ensemble.be

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