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BELGIQUE, UN NOUVEAU SONDAGE INDIQUE QUE LES VIOLENCES SEXUELLES TOUCHENT SURTOUT LES JEUNES

  • Une personne sur deux en Belgique a été victime de violences sexuelles (47 %)
    Par ailleurs, 20 % des femmes interrogées déclarent avoir été victimes de viol, ce qui représente une augmentation significative par rapport à un sondage similaire réalisé par Amnesty International et SOS Viol en 2014. Parallèlement, 23 % des femmes sondées disent en outre avoir été forcées d’avoir des relations sexuelles par leur partenaire.
  • Un jeune sur quatre a été victime de viol (24 %).
    « Cette augmentation est à mettre en relation selon nous avec la libération de la parole des femmes, suite notamment au mouvement #MeToo et à toute la sensibilisation réalisée autour de la problématique du viol, mais elle n’en demeure pas moins extrêmement choquante. Ces chiffres laissent en effet penser que la prévalence du viol n’a pas diminué depuis cinq ans, voire qu’elle a augmenté. C’est un signal très fort que nos autorités doivent entendre : la Belgique peut et doit mieux faire pour endiguer ce fléau », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Dossier spécial sur le viol en Belgique.
  • Une victime de violence sexuelle sur deux y a été exposée pour la première fois avant l’âge de 19 ans (48 %).
  • Une femme sur cinq a été victime de viol (20 %).
  • Seules 14 % des femmes qui ont porté plainte pour des faits de violence sexuelle se déclarent satisfaites de cette démarche.

Amnesty International et SOS Viol rendent publics les résultats d’un nouveau sondage réalisé par l’institut Dedicated sur le viol et les violences sexuelles en Belgique. Celui-ci montre notamment que la catégorie des 15-24 ans est la plus touchée par toutes les formes de violences sexuelles prises en compte dans le sondage. Le sondage révèle ainsi qu’un jeune sur quatre a été victime de viol et que minimum 48 % des victimes de violence sexuelle y ont été exposées pour la première fois avant l’âge de 19 ans.

Parallèlement, les personnes interrogées sont tout de même conscientes de l’impact négatif de ces stéréotypes. En effet, 90 % des sondé·e·s pensent que la crainte de ne pas être cru·e est un frein pour se confier et 85 % qu’il arrive parfois ou souvent qu’on puisse culpabiliser les victimes. En outre, plus de deux tiers des répondant·e·s estiment que le fait que l’accueil de la police ne soit pas optimal peut « certainement » ou « probablement » constituer un frein pour les victimes. Ces opinions font ainsi écho à la position d’Amnesty International, qui demande que soit renforcée la formation de base et continuée des acteur·rice·s de première ligne, notamment policiers et judiciaires.

DÉCONSTRUIRE LES MYTHES ET STÉRÉOTYPES SUR LE VIOL.

L’IMPUNITÉ DES AUTEURS FAVORISÉE
En lien avec les perceptions des personnes sondées quant au caractère défaillant de l’accueil des victimes par la police, le sondage révèle que, parmi les femmes qui ont porté plainte pour des faits de violence sexuelle, seules 14 % se déclarent satisfaites de cette démarche.

Pointant d’autres dysfonctionnements en relation avec le parcours judiciaire des victimes de viol, 83 % des sondé·e·s pensent que les démarches en justice peuvent paraître lourdes (coût, durée, etc.) et dès lors constituer un frein pour les victimes. Parallèlement, 77 % des personnes interrogées considèrent que le fait que la justice ne soit pas efficace pour condamner les auteurs de viols peut être un frein aux démarches des victimes.

Ces affirmations sont à mettre en relation avec les statistiques du ministère de la Justice montrant que, dans 53 % des cas, les dossiers de viol sont classés sans suite. Comme cela est mis en évidence par 68 % des personnes interrogées, nous estimons que ce phénomène favorise gravement l’impunité des responsables de viol. C’est pourquoi nous appelons toutes les autorités compétentes à prendre des mesures pour lutter contre l’impunité des auteur·e·s de viol et améliorer la prise en charge des victimes tout au long de la procédure, ce qui permettrait de redonner confiance aux citoyen·ne·s belges dans la procédure judiciaire », indique Philippe Hensmans.

Face aux résultats alarmants de ce nouveau sondage, Amnesty International et SOS Viol demandent aux autorités concernées de se doter de moyens pour lutter efficacement contre le viol et les violences sexuelles, qui risquent de continuer à progresser si les manquements en matière de lutte contre ces fléaux persistent.

« Bien que la Convention d’Istanbul soit une disposition contraignante du Conseil de l’Europe, la Belgique ne respecte que très partiellement les engagements qu’elle a pris en la ratifiant en 2016. Depuis lors, ces engagements ont été appliqués à environ 20%, ce qui est nettement insuffisant. Compte tenu de l’urgence et de la gravité de la situation, nous attendons de nos autorités qu’elles fassent beaucoup plus et mieux », conclut Philippe Hensmans.

Pour en savoir plus : Amnesty International

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