« On est dans un modèle à bout de souffle. » Jean Faniel, directeur du Centre de recherche et d’information socio-politiques, en appelle à réoxygéner notre démocratie. Des manifs climat aux gilets jaunes, les contestations populaires réclament un autre modèle de concertation et de participation citoyenne. Ne faudrait-il ainsi pas dépoussiérer notre Constitution vieille de bientôt 200 ans ? Mais « si on repart vraiment de zéro, la question à poser est effectivement de savoir avec qui discuter », poursuit Jean Faniel (lire : « Quels remèdes pour fortifier notre Constitution ? »).
Avec qui ? Arrivent dans la foulée de cette question les remises en cause de nos représentants. Pas assez diversifiés, trop blancs, trop universitaires, trop hommes, trop urbains et, finalement, trop déconnectés pour nous représenter.
Pour trouver un second souffle, les partis tentent pourtant de jouer sur plusieurs tableaux. L’appel d’air associatif d’abord. En allant chercher des candidats de la société civile (lire : « Du social à la politique : ‘La fleur au fusil, mais sans illusion’ »). L’air du large avec la diversité ensuite, en panachant les listes de candidats issus de minorités (lire : « Les partis et le pari de la diversité »). Entre opportunisme électoral et véritable volonté de décloisonner la sphère politique, tous cherchent le renouvellement de l’air vicié : Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui ressemble le plus à la population ? Et si la réponse était évidente (et tautologique) : le plus ressemblant de la population, c’est donc le peuple… Et d’opter pour le tirage au sort des citoyens. Modèle embryonnaire en Wallonie, révolutionnaire en Communauté germanophone, voici l’aspiration du peuple à incarner l’inspiration du pays (lire : « Le tirage au sort : une solution face à la crise de nos démocraties représentatives ? »). Aujourd’hui, ce concept du tirage au sort se répand dans le monde. En Irlande, un panel citoyen a généré une convention constitutionnelle progressiste. Le citoyen lambda pour rafraîchir les hémicycles belges ? Les partis n’auront pas le choix. S’ils refusent le vent nouveau, ils sentiront un souffle contestataire dans leur dos.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.