Mot-valise aux multiples facettes, l’interculturel est au cœur de nos questionnements et de nos pratiques depuis longtemps. Parfois réduit à l’état de confortable alibi, il mérite pourtant d’être revisité à l’aune des enjeux sociétaux qui interrogent quotidiennement nos habitudes mentales et nos positionnements professionnels.
Inspiré par les intuitions de quelques précurseurs, ce carnet propose de cheminer dans l’intimité du processus interculturel en empruntant la voie du témoignage : une démarche qui renvoie le lecteur à ses propres questions, tout en dessinant quelques balises utiles pour s’orienter dans la complexité intrinsèque au sujet.
Notre propos est d’inviter le lecteur à y réfléchir en miroir son propre parcours : le processus interculturel est tout sauf anodin lorsqu’il quitte le terrain consensuel des principes pour se frotter aux héritages concrets des sujets qui fâchent.
Il transforme en profondeur nos perceptions, nos représentations et nos visions du monde. Il implique dès lors de se revisiter soi-même, conformément à l’une des principales balises de la méthodologie interculturelle : en matière de décentration culturelle, la légitimité se conquiert en parlant de soi – de ses propres implicites et contradictions – plutôt qu’en parlant des autres… Ce positionnement nous semble être un garant de nuance, la meilleure manière de prévenir les dérives culturalistes ou les catalogues de stéréotypes.
Nous sommes partis d’un constat : l’interculturel est trop souvent convoqué, dans des situations conflictuelles, pour amener l’«autre» à s’adapter et à remettre en question ses évidences. Or, l’exercice ne nous semble crédible que s’il est appliqué d’abord aux cadres de référence de celui-là même qui entend le pratiquer. C’est la raison pour laquelle nous prenons ici le parti d’une plongée sincère et sans fard dans nos propres paradoxes. En espérant que chacun y trouve motivation à faire de même…
Source : CDGAI – Centre de Dynamique des Groupes et d’Analyse Institutionnelle asbl
62 pages, 2013
