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Se dire « OUI », ce parcours du combattant

Les démarches visant à démasquer les unions de complaisance, aussi appelées mariages «blancs» et «gris», sont sans cesse renforcées. Mais tendre l’oreille en direction des acteurs de terrain permet de réaliser que, dans le sillage des contrôles, les pratiques musclées et incohérentes sont légion. Pour beaucoup de couples binationaux, se dire «oui» est un réel parcours du combattant.

C’est une petite pile de feuilles qui est étalée sur un bureau bien rangé. Quelques en-têtes comportant les blasons de communes belges y sont visibles. Ces documents qui nous ont été communiqués au moment d’aborder la thématique des mariages de complaisance sont un condensé d’enquêtes policières menées ces dernières années auprès de couples binationaux désirant se marier. Ici, le parti pris a été de condenser les cas les plus aberrants et les plus choquants. Un des documents revient sur l’histoire d’un Marocain sans papiers désirant se marier avec une Belge de dix ans son aînée. Leur union a été refusée pour suspicion de mariage de complaisance sous ce motif, mentionné dans le document, «l’âge de madame l’empêche d’avoir un enfant. Ce qui semblerait normal dans une union. Il est inconcevable dans la culture arabe d’épouser une femme plus âgée qui ne pourrait pas donner d’enfant. Mon office s’oppose donc à ce mariage». Finalement, le couple a pu se marier, mais en France. Leur union y a été validée après quelques jours, alors qu’elle leur a été refusée des mois durant en Belgique.

Une lutte qui divise

La thématique des mariages de complaisance divise. Entre, d’un côté, un monde associatif qui s’inquiète des dérives observées et de l’autre, des représentants fédéraux et communaux qui se félicitent de l’efficacité de leurs actions et des sanctions mises en place contre ces unions illégales.

Si ce point resurgit fréquemment dans les débats, il n’est pas neuf. La lutte contre ces unions a une quarantaine d’années. Le mariage, ou la cohabitation légale, permet d’introduire une demande de regroupement familial. Procédure qui reste, aux côtés de la demande d’asile, la seule façon d’obtenir un droit de séjour en Belgique. Les fraudes sont fréquentes.

Les mesures pour détecter des mariages de complaisance se sont multipliées ces dernières années. Avec, notamment, un renforcement de la législation relative au regroupement familial décidée en 2013 qui s’est accompagnée d’une hausse des amendes et de la durée des condamnations. Dans le même temps, plusieurs zones de police se sont dotées de cellules «mariages blancs». Il semblerait qu’environ 7.000 mariages de ces types soient empêchés, chaque année, en Belgique.

Le débat s’oriente aujourd’hui autour de la loi «bébés-papiers». Une loi visant à mettre fin aux reconnaissances d’enfants dans l’unique but d’obtenir un séjour en Belgique qui a été approuvée fin 2017. Onze associations ont d’ailleurs introduit, mi-mars 2018, un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour demander l’annulation de cette loi.

Pour en savoir plus…

Source : www.alterechos.be 

 

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