L'actu du Centre de Doc

50 ans des immigrations marocaine et turque

Vue de Belgique

L’appel fait à la main d’oeuvre étrangère dans ces années 1960 n’a pas seulement des raisons économiques, mais bien aussi des motifs explicitement démographiques dans le sillage des rapports Sauvy et Delpérée qui, en 1962, lancent un constat alarmant sur le vieillissement de la population wallonne et préconisent de remplacer la politique d’emploi conjoncturelle menée à l’égard des travailleurs étrangers par une politique d’immigration (ces travailleurs doivent être intégrés avec leur famille). Dès lors, une des conséquences attendue du regroupement familial est de redresser à la fois la courbe de l’économie et celle du taux de natalité du pays. D’emblée donc, et contrairement à la plupart des autres pays européens qui n’accueillent que des isolés, l’immigration maghrébine en Belgique sera familiale, à l’image de ce que l’on connaît également de l’immigration en provenance de la Turquie. La population étrangère augmentera ainsi de 263.000 unités entre 1961 et 1970, principalement par regroupement familial
Toutefois, la politique familiale liée à l’appel de main d’oeuvre immigrée sert aussi à fixer les immigrés, et partant à combattre ce que le patronat craint le plus: leur mobilité. Ainsi, en raison des salaires moins élevés en Wallonie qu’en Lorraine (France) ou dans la Ruhr (Allemagne), trois zones industrielles proches, le regroupement familial contribue à donner une valeur attractive à la Belgique par rapport aux autres pays recruteurs de main d’oeuvre (qui, eux, ne le pratiquent pas).

Vue des pays d’origine

Le Maroc indépendant, de son côté, pratique pendant longtemps une politique que l’on pourrait qualifier d’ « émigrationiste à outrance »: on exporte littéralement un maximum de travailleurs. Cette politique permet d’une part de faire rentrer un maximum de devises et d’autre part de contribuer à résorber le chômage, à assurer la paix sociale et, accessoirement, à qualifier professionnellement une main d’oeuvre non formée.

De même, la Turquie, après avoir connu une brève période d’expansion économique et de développement industriel, connaît vers la fin des années 1950 une crise socio-économique grave qui appauvrit grandement une partie de la population et aboutit au coup d’État militaire de 1960. Dans les années qui suivent, l’émigration devient une politique d’État. L’État turc va organiser lui-même la gestion de cette émigration à travers l’Office du travail et du recrutement des travailleurs (OTRT).

Pour ces deux pays, l’émigration apporte donc non seulement un solution au problème du chômage mais est aussi une source importante de devises.

Source : www.vivrenbelgique.be

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