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Migrations, vulnérabilités et santé mentale

La migration revêt une dimension d’universalité : tous, nous sommes ou avons été nomades.
Géographique, la migration est aussi culturelle, sociale, temporelle, voire introspective. Les liens entre ces déplacements et la santé mentale, le bien-être psychique, sont multiples et ont fait l’objet dans le dernier tiers du XXe siècle d’une attention croissante dans l’espace public et le domaine scientifique.

migrations vulnérabilités santé Dans le cadre de ce recueil de références, notre attention s’est plus particulièrement portée à l’endroit des vulnérabilités dont peuvent souffrir les migrants et aux pratiques et dispositifs visant à soutenir ces derniers. Pour autant, nous ne souhaitons nullement présenter un tableau sombre du phénomène migratoire, ni en éluder les effets positifs – économiques, sociaux et culturels notamment – dont il est également porteur. La rencontre de personnes issues de sérails culturels et sociaux différents « élargit, diversifie et complexifie le regard sur le monde ». C’est pourquoi le rapport à l’Autre, à l’altérité occupe une place importante dans ce dossier thématique au sein duquel les dimensions anthropologiques, philosophiques et psychologiques sont particulièrement développées.

Par ailleurs, dans la perspective de la promotion de la santé mentale, les différents documents répertoriés valorisent, notamment, la prise en compte des déterminants sociaux et culturels dans les questions de santé.

La première section, intitulée Les sentiers de l’exil, s’intéresse à l’ensemble des dimensions auxquelles le voyage migratoire touche, et particulièrement au rôle de la culture, qui dans ces contextes manifeste de façon aigüe son caractère pluriel : comme un espace de représentations partagées porteur de sens, mais aussi – et de manière parfois moins consciente – comme celui d’une grammaire du jeu relationnel entre les êtres humains, en un lieu et un temps donnés. La section suivante, Enfance & adolescence en exil, rassemble des ressources sur ces périodes de la vie particulières en lien ces dimensions de la migration.

Parallèlement apparaissent de nouvelles questions, de nouveaux enjeux pour la personne qui découvre un territoire, un pays, des lois, des coutumes et des personnes qui lui étaient jusque-là inconnus. Autant d’espaces de potentielles incertitudes qui peuvent brider la projection vers un avenir dont les contours peinent à se dessiner distinctement, tant le présent semble incertain. Cette position inconfortable, qui limite la construction de perspectives à moyen ou plus long terme, place l’individu dans une situation où il risque de demeurer « prisonnier du présent ». La section Exil & vulnérabilités développe en ce sens certains des facteurs qui peuvent contribuer à affecter la santé et la qualité de vie des personnes ayant connu la migration.

Cela peut se révéler d’autant plus vrai lorsqu’une demande d’asile est nécessaire, ce sont alors le parcours, la vie d’ailleurs et d’avant, les départs, les renoncements et les ruptures, entre autres, sur lesquels il est intéressant de se pencher. Ces différents éléments, qui peuvent engendrer une fragilité psychique plus importante et éventuellement former un travail de deuil, sont développés dans la partie Asile & santé mentale.

Par la suite, un travail de construction de nouveaux repères culturels et sociaux s’impose. Commencer une nouvelle vie ailleurs signifie immanquablement devoir s’inscrire dans un nouvel espace fondé sur des liens inédits. Ce labeur particulier fait l’objet du chapitre Se (re)construire en exil.

Ces éléments, parmi d’autres, permettent d’envisager que des conceptions du monde différentes, parfois divergentes, sont amenées à coexister, à s’accommoder; ils font l’objet de la section Représentations de la « maladie mentale ». De ces confrontations, une étrangeté irréductible émane, témoignage de la rencontre d’êtres humains dont les univers symboliques et les référents culturels dialoguent et s’interpellent mutuellement.

Face à ces thèmes nombreux et complexes, les dispositifs sociaux et de santé sont amenés à se remettre en question et à évoluer afin de mieux prendre en compte la dimension culturelle dans leurs actions et leurs offres de services. À un niveau plus individuel se manifeste dans le chef des intervenants sociaux et de santé eux-mêmes la nécessité grandissante de se repenser en tant que professionnel, en interrogeant les dimensions anthropologiques et relationnelles de leur travail.

Source : Cultures & Santé

 

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